D'ici Dance

VIVE DEESSE

Noire

elle avançait

comme un haut navire

comme un brûlant Soleil

au milieu

des foules

somnambules

 

des discours ronflants

des impatients serments

elle n'écoutait rien

vers l'horizon

simplement

elle marchait

 

comme l'on prie

 

indifférente

aux saisons

aux siècles

au millénaires

aux orgueilleuses

organisations

qui se crurent

Civilisations

 

fière

et presque

nue

ainsi

que l'a voulu

la Nature

bienveillante

elle tient

dans ses mains

des objets

inconnus

que tu dirais

inutile

 

moins simple

que toi

dans ses Adorations

ses Contemplations

ses Rites incandescents

ses Désirs ses Ascèses

 

à ses chevilles

bijoux

les complexités

de toute Humanité

 

mais des mains

comme des feuilles

tendres

des mains

pour les fleurs

les fruits

le visage

des enfants

 

et le Corps

tout entier

qui s'ouvre

comme une Danse

et que tu ne mérites pas

toi qui n'as pas su

la regarder

 

de ses gestes

moins sombres

que tes pensées

elle déjoue

les négatifs

 

elle dit   oui

 

qu'elle me pardonne

si la voyant

se profiler

dans ma Nuit

moi-même

je m'égare

et si

mon Poème

n'est pas

le Fétiche

qu'il faut

 

qu'à son tour

elle nous envisage

et comprenne

combien

nous sommes perdus

si loin

de notre Naissance

 

nous sommes couverts

de multiples écorces

etles plus épaisses

sont nos discours

nous prenons

pour Ennemies

nos Ombres

et nous les aveuglons

jusqu'à l'égarement

des Lunes

elles-mêmes

 

notre propre

Chair

nous est

Etrangère

notre sang

charrie

des Stratégies

 

nous avons découpé

le Temps

en d'innofensifs

segments

l' Eternité

a cessé

de nous

préoccuper

et nous tournons

en rond

dans la cage

de nos cadrans

trop précis

 

aux Ancêtres

plus aucun Culte

n'est dédié

tant notre propre

Passage

de l' Autre côté

du Songe

nous est

odieux

 

et c'est

bien inutilement

que nous nous agitons

les yeux pleins de larmes

derrière nos

écrans

 

comme des prisonniers

nous piétinons

de long

en large

mais

tu ne viendras

jamais

nous délivrer

 

puisque

nous t'avons prise

dans nos filets

comme

un bel Oiseau

de Jais

et si mal

comprise

tandis que

tu balbutiais

de plaintives

Incantations

 

et voici

nous sommes

pour toujours

séparés

de l'Univers

comme Orphée

de son Eurydice

pour avoir pointé

sur la fragile

Rosée

nos lourdes

lorgnettes

nous sommes

pour toujours

séparés

pour avoir empêtré

dans nos Paradoxes

compliqués

la timide

Nature

 

le cordon

ombilical

de l' Etre

est

définitivement

coupé

nous

errons

comme des Astres

Morts

dans les Espaces

dévastés

 

nous sommes

pour toujours

séparés

nos Paroles

nous exilent

et résonnent

dans le Cosmos

comme

des Alibis

 

finis

finis

finis

nous griffons

de nos ongles

bien

limés

les Antiques

Galaxies

 

et nos Vies

tintent

comme

du verre brisé

tellement

appareillées

qu'elles

se confondent

avec le Coeur

froid

de nos Métropoles

en Fusion

 

je tends les mains

vers toi

la seule

qui ressemble

à nos Ferveurs

oubliées

 

mais

c'est peine

perdue

pourquoi

me regarderais-

Tu

 

Déesse ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dominique    Gabiel        NOURRY



05/04/2011
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