ARC-EN-CIEL
"Ne cessez pas vos danses,gracieuses jeunes filles! Celui qui est venu parmi vous n'est pas un trouble-fête au regard méchant,il n'est pas l'ennemi des jeunes filles!
Je suis l'avocat de Dieu devant le Diable: et le Diable est l'esprit de la pesanteur. Comment serais-je l'ennemi de la danse divine, ô filles agiles? Ou l'ennemi de vos pieds aux chevilles déliées?"
Friedrich NIETZSCHE: "Ainsi parlait Zarathoustra", "L'air de la danse". Traduit par Marthe Robert. Collection 10-18, p. 101.
Parfois,la pensée se fait buissonnière: elle s'inscrit poème ou prose poétique. J'aime surtout "L'arrière-pays" ou "Les tombeaux de Ravenne" d'Yves Bonnefoy et certains "billets" de Xavier Grall pour le journal "La vie", réunis sous le titre: "Les vents m'ont dit".
Parfois, la pensée musarde sur les chemins de traverse: elle se jour dans le récit ou le roman. Je trouve grand plaisir à la lecture des oeuvres de Julien Gracq, d'André Pieyre de Mandiargues et de la Nouvelle Fiction (de laquelle se détache, de manière décisive, Hubert Haddad).
Parfois, la pensée se recueille dans la rigueur. Elle nous donne des raisons d'être et d'agir. J'aime qu'elle ne se départisse pas pour autant du récit et du poème. Certains livres d'André Breton, de Guy Debord et d'Annie Le Brun savent ainsi conjuguer le rêve et la raison.
La pensée peut ainsi adopter toutes les couleurs de l'arc-en-ciel mais toujours elle doit danser. Il n'est pas nécessaire d'adopter les apprêts d'une terne rhétorique, parfois nécessaire mais trop souvent complaisante ni d'obscurcir à plaisir le propos. La fonction d'un nouveau concept, souvent utile dans une démarche cognitive, est, avant tout, d'éclaircir.
La pensée toujours doit danser. Dans le jardin tout tracé de la science ou de la philosophie, elle doit laisser affleurer l'impertinente intuition, cette semeuse de trouble, car c'est ainsi que se féconde la recherche
La pensée doit danser parce qu'elle rend compte d'un univers dont l'harmonie n'a pas fini de nous surprendre et que le "chant des sphères", décidément, n'est pas une vaine allégorie
Dominique Gabriel Nourry.
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