CE QU'ELLE DIT
Il suffit d'un rien .
D'un souffle ou d'un grain de sable .
Il suffit d'un rien pour que j'y n'y sois pas , pour que je ne vous voie pas .
Vous ête bien présent, bien sûr .
Assis très droit sur votre chaise, vous hochez la tête .
Vous êtes, dirait-on, comme assermenté d'amour .
Mais je ne suis plus très sûre de rien .
Ni de moi .
Ni de vous .
Ni de cet espace qui nous réunit ou nous sépare .
Pour séparer deux ombres, il suffit de si peu d'ombre .
Je vous écris pour combler cela .
L'éclairer .
Mais je sais bien que ça ne comble éclaire rien, jamais, l'écriture .
Et ça relève toujours plus ou moins du leurre .
Mais ça occupe quand trop de vide s'impose .
Rien de plus....
Je ne saurais pas même risquer ce geste vers vous, ce soir .
Vous êtes bien là mais c'est comme si j'étais absente, moi .
Depuis toujours, sans doute, mais nous ne le savions pas .
Si nous n'étions constitués que d'un seul bloc, pourrions-nous nous émouvoir ?
Si nous n'étions pas nous deux, pourrions-nous nous aimer, ne sachant pas nous aimer ?
Pour l'amour, il suffit de presque rien ;
D'un oubli .
C'est ça qu'on appelle parfois le désir ;
Dominique Gabriel NOURRY