CELLE QUI SCULPTE
Qu elle m' invente
le corps
que nulle à ma naissance
ne
m' accorda
celle qui sculpte
dans
la
pénombre
ne
la
concerne
que l' intense Désir d' un Absolu
que je ne détiens pas
mais
dont
elle me veut
Véhicule
tout cela sous le sceau d' un Secret
dont
nul-le
n'
a
la
clé....
et
pas même Elle
et
pas même moi
je
suis
entre ses mains
l' inerte matière des songes
et
ce poème
lui-même
est
pose :
il est nécessaire
que
je me soumette
à
l'
Artiste
à l' heure-même
où font pause
les malheureux travailleurs
les malheureuses travailleuses
que lundi saisit
comme
un oiseau de proie ....
elle sculpte
et je me sais désirable sous ses doigts
désirable
pour une Aventure
dont je ne détiens pas l' Itinéraire ....
je ne saurais te dire le visage de la Sculptrice
il est pur comme l' eau des plus profonds miroirs
je ne sais que sa paume sur ma peau
que ses doigts qui s' infiltrent
et
dénouent
sans pathos
les complexes
crispations
de
ma
solitude terrestre
et
je
garde
dans l' éclat du jour de Printemps
l' impénétrable parfum dont elle ourdit mon trouble
je
ne
livre
en ces lignes
que l' ombre suffisante
d' un étrange bouleversement
si étranger à nos moeurs cadenassées
qu'
il
se
ressent
dans
l' embrassement
l' embrasement
de la parole-même
trop
intime
pour
être
dit
trop perceptible
pour
être
saisi
car
il
existe
à
présent
des sculptures
dont
je
me
sais
modèle nu
dont
on
peut
traverser
la
présence
sans
hommage
ni
dommage
par
pure
négligence ....