DANS L'EXTASE DES MEGALITHES
Ferré
la mémoire
ferrée
la
mer
sans
enfer
je n'irai pas la voir
je regarde
l'homme
sans
liens
qui
s'assied
sur
l'herbe
au
pied
du
menhir
je suis juste là pour reprendre connaissance
le Temps a fait péter les résistances du Souvenir
et
tout s'éclaire
enfin
loin des lunettes psychédéliques
de saint-Lunaire
loin de Bréhat qui bascule
dans
les cornes
de
brume
de
l' Adolescence
je suis venu voir s'emboutir
les horizons
dans les vertiges
de
la
péninsule
où
dorment
des
hommes
qui
portent
mon
Nom
mais autour de ce Nom vois-tu trop de tempêtes
et
c'est
pour ça
que
j'érige
pierres levées
mes
prénoms
je me suis construit
de gnole
et
de
poésie
dans les embruns
j'ai
des ancêtres
de
n'importe où
je
m'en
fous
je m'invente
les lignées
les
alignements
qui
me
conviennent
et
que
je choisis
et que je te donne à lire
un arrière grand-père meunier ça c'est sûr
comme
granit
à moins
que derrière
les meules
de
foin
quelque vagabond
n'ait ensemencé
mes rêves
imagine
un
de
ces vagabonds
hirsutes
qui
s'est
arrêté
dans l'auberge
de
Pont-Réan
pour faire
son
boniment
à
la
meunière
pendant
un
banquet
jamais
on n'est sûr de rien
c'est
plutôt
bien
comment
veux-tu
tuer
l'ennemi
si
tu n'es pas
sûr
qu'il n'est pas
ton
frère
alors me veux-tu Juif
errant
pourchassé
croyant
le
zigoto
qu'il pourra
passer
in
cognito
me veux-tu tzigane
avec
les jolies images
qui
ont
fait
frissonner
nos grands-mères
mais aussi
l'éternelle
haine
des
assis
me veux-tu Indien
souvent ça m'arrive
et
j'aime
bien
peau-rouge
criard
même Rimbaud
je le prendrai
pour
cible
je lui ferai
la
peau !!!
Géronimo Sitting-Bull
que
mon
enfance
aimait
s'emplumer
de
vous
loin des hommes de loi qui tiennent en laisse leurs hors-la-loi
symétriques
ennuyeux comme la pluie
des
uniformes uniformes uniformes
lorsqu'elle
s'abat
sur
nos
tipis
revenons pourtant loin de la longue prairie
et
de
ses
sentinelles
à
nos moulins
j'aime les moulins
d'amour
parce qu'ils
tournent
tournent
tournent
comme le chant
de
Qoelet
et
comme
le
triskell
et
comme
l'éternel
retour
la 13 e revient c'est encore la première
la première
la première
fut
d'or
et
lia
beaucoup trop vite
ma
gerbe
j'aime
les moulins
parce qu'ils
sont
les
seuls
à
savoir
que
dom Quichotte
est
un vrai chevalier
beaucoup plus séduisant
que les chevaliers
d'industrie
et
leurs
indignés
dans
l'attaché
case
j'aime les moulins
parce que
je
n'ai
jamais
su
nouer
mes
lacets
argument incontournable
et les menhirs
sont
des
moulins
sans
ailes
mais
non
des
albatros
enchantés
sans
chant
le 30 juillet
ceux
de
LAGADJAR
en
Camaret
ont
jazzé
le
grall
qu'il
restait
à
moudre
en Bretagne
et ça m'a chaloupé
mon coeur
matelot
les voix
de
Sabine
Marcelle
et la belle Di-Anne
c'est dit
ce soir-là
promue
selon
la
promesse
Duchesse
la barque du soleil couchant s'était enfoncée dans les décombres
du Manoir
de
Cécilian
et l'écorce de la nuit criblée d'étoiles folles
nous protégeait
tous
ensemble
quelle fête
comme les flaques délaissées
par
la marée
j'ai
distribué
dans le noir
mes
grimoires
à certains deux fois à d'autres jamais
quand on est îvre on ne sait plus
où donner
de
la
tête
et
du
poème
quand on est îvre
de
Lyre
et
qu'on
tue
la vertu
cette
tortue
tordue
qui
torture
même
les
langues
qui
se cherchent
désespérément
dans
le
baiser
moi je te le dis Belle
toutes
ces
pierres
qu'érigèrent
les singes
rebelles
qui
se
dressèrent
à
l'origine
s'adressent
aux
galaxies
elles
mesurent
les
ondes-désir
du
big
bang
qui nous a l'un vers l'autre précipités pour créer des Univers
qu'aucun
géomètre
ne
saurait
mesurer
les flux et les reflux de la Lumière
ne reflètent
pas
les
minuscules
simagrées
des
Traditions
qui
ne
comptent
que
quelques
millénaires
une paille
comme
l'une
de
celles
que
l'arrière grand-mère
trouva
dans le foin
dont
il
fut
question
plus haut
dans
le
poème
une paille
bien inutile pour boire la jouissance
qui
harmonise
l'originel
chaos
de
l'origine
et
l'organisera
jusqu'au terme
insondable
moi
je ne suis
que
trait
d'union
écume
entre les
pales
du
moulin
mais je m'offre à toi
dans la perspective d'un long mot composé
dans
l'union
réalisée
jusqu'à
l' Idée
je m'offre à toi
comme le long poème des pierres que l'infini a roulées
sur le bord
du
chant
Solo
parce que je suis seul de toi comme l'on est enneigé
de
lune
et que j'ai tant envie de te dire
le tam tam de mon coeur dans l'amour kerne
que
je
finis
dans
l'attente
de
l' Aube
par
m'ensoleiller
d'un
simple
grain
de
blé
rayonnant
comme
ton
sein
dans
mes
ténèbres !!!
Dominique Gabriel NOURRY