DESNOS, LE VEILLEUR DU PONT-AU-CHANGE,POUR MEMOIRE, ENCORE....
La main très lentement décrit un cercle dans l'espace.
Elle-même semble de nuit toute entière tramée.
Deux très grands yeux que ne sut jamais la lumière rencontrer fixent l'éclosion des pétales dépliés.
C'est entre chien et loup l'heure où les pas sur le pavé de la rue Saint-Merry résonnent à peine.
Il fait froid. Des voix étouffées, ponctuées de rire, frôlent les murs.
C'est au coin d'une rue que peignit CHIRICO
C'est le piano de DALI où ricane un tyran
c'est le coup de feu
dont CREVEL résolut
ses contradictions
dialectiques
et c'est NANTES enfin
la forme d'une ville
épaissit le Temps
je te guide où
je ne saurais aller
c'est une terre de silex du côté de COMPIEGNE
je n'en finis plus de cueillir ces coeurs de pierre
qui ricochent contre le ciel
et se perdent
au profond des nuages
la pupille se dilate
est-ce d'une terreur
ou d'une vision
Miss Mystérieuse
c'est dans un cabaret
de MONTMARTRE
que vous chantiez
La main se referme sur du vide. Il se murmure que l'Armée Rouge approche. Les S.S. deviennent nerveux. Nul ne sait ce qui va se passer.
Des astres éclatent comme de vulgaires pétards. Pour qui la nuit s'illumine-t-elle ?
J'ai fait de mes mains pour tes seins tout à l'heure aperçus des écrins de clarté
il faut dans le silence de la chambrée
renouveler la Merveille
de ton approche
tout sera si beau
si nouveau
dans PARIS libéré
je ne cesse
de te dessiner
dans la poussière
parfois
sur le visage de ces spectres
mes camarades
il me semble voir flotter
ton baiser
je suis moins seul lorsque je sais que tu m'attends
tu es tout le PRESENT de ma Vie
ma Grâce
les mains retombent sur la poitrine
le souffle rauque ll'homme dévisage
l' Inconnue qui s'est approchée
des cheveux noirs ont ruisselé sur un visage gris
abandonné.
Dominique Gabriel NOURRY