FABLE POUR L'HOMME AFFABLE
Gémir , pleurer , prier est également lâche .
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler ,
Puis , après , comme moi , souffre et meurs sans parler
ALFRED DE VIGNY : LA MORT DU LOUP ( Les Destinées , 1843)
Un renard
se
trouva
poursuivi
par
une
meute
vibrante
de
chiennes
et
de
chiens
déjà
sur
ses
talons
les
aboiements
le
criblaient
et
l''haleine
puante
de
la
haine
divulgait
autour
de
lui
ses
puissants
effluves
je crois bien
même
qu'on
avait
déjà
déplumé
le
panache
de
sa
queue
qui
s' ef
fi
lo
chhhhhait
dans
ces
circonstances
l'animal
dont
les
ancêtres
hélas !!!
avaient
souvent
eu
maille
à
partir
avec
la
gente
canine
crut
bon
d'avoir
recours
à
la
ruse
en la matière
il
était
de
métier
familier
te
souviens-tu
corbeau
de
La Fontaine
de
ses
calembredaines
qui
te
coûtèrent
quelques
dommages
et
un
fromage ?
le renard
donc
usant
de
ses
dernières
forces
prit
une
certaine
avance
sur
l'essaim
carnassier
fit
le
tour
d'un
bosquet
puis
s'inséra
mine
de
rien
dans
le
bataillon
qui
en
voulait
à
ses
haillons
croyant
donner
le
change
il
donna
de
la
voix
plus
fort
que
tous
les
autres
et
cria
" A MORT "
dans
un
premier
temps
le
stratagème
plus
que
mon
poème
eut
un
certain
succès
je
crois même
que
l'on vit
certaines
chiennes
des
plus
hagardes
lui
lécher
le
museau
comme
à
un
vrai
héros
- pendant ce temps
bien sûr
dénonçant
l'imposture
ses
compagnons
dévoreurs
de
poules
fuyant
la
foule
se
réfugiaient
en
leurs
profonds
terriers
et
qui
ne
tremblait ?
même
les
plus
méprisantes
volailles
ont
au
fond
de
leur
carcasse
un
peu
de
cette
canaille
qu'elles
accablent
de
leurs
sarcasmes
mais
souvent
elles
passent
inaperçues
puisque
ce
sont
leurs
pareilles
qui
font
l'objet
de
leurs
sévices
et
que
contre
elles
il
n'y
a
guère
de
police
- à moins
qu'elles
ne
dissipent
leurs
frustrations
en
se
livrant
à
de
plus
sanglantes
exactions !!! -
notre renard
insuffisamment
véloce
prenait
des
airs
féroces
pour
donner
le
change
car
ce
n'était
plus
le
moment
de
faire
le
saut
de
l'ange
hélas
pour
lui
l'une
des
plus
hargneuses
de
la
meute
le
reconnut
ce poil
roux
si
doux
qui
près
de
nous
file
n'est-il
point
celui
du
goupil
disparu ?
voyez
son
cou
n'est
pas
râpé
je
crois
qu'il
n'est
pas
franc
du
collier
dès
l'instant
ce
fut
l'émeute
et
la
meute
sur
le
niais
malin
se
rua
le
dévora
et
l'on
n'en
fit
pas
des
choux
gras
pour
cette fable
pas
besoin
de
morale
est-il
préférable
de
cultiver
en
serres
ses
fleurs du
mal
pour
échapper
aux
serres
des
rapaces
tenaces
ou
bien
est-il
préférable
même
si
c'est
inutile
de
refuser
l'affront
de
faire
front
pour
mourir
les
armes
à
la
main
comme
osaient
le
faire
autrefois
les
hommes
et
les
femmes
de
coeur
dignes
et
fiers
devant
les
procureurs
de
la
Terreur ???
Dominique Gabriel NOURRY