LA CULTURE DES PRES A SAINT-GERMAIN
Mille gens à la cour y traînent leur vie à embrasser , serrer et congratuler ceux qui reçoivent , jusqu' à ce qu' ils y meurent sans rien avoir .
Jean de La Bruyère .
Je lui ai
acheté
son récit
rue de Buci
insoucieux
des voitures
j' ai parcouru
la quatrième
de
couverture
entre les phares
au milieu
du boulevard
j' ai picoré
quelques phrases
dans le square
et
retrouvé
dans mes poches
quelques
élogieuses
critiques
recueillies
auparavant
le roman
pas la peins
que je le déflore
le pauvre
tout le monde
en
parle
au Flore
je lui ai
acheté
sa plaquette
ringarde
rue Guisarde
rien
à
dire
sur la qualité
du
papier
rien
à dire
sur le reste
non plus
hystérique
avant-garde
qui
se
syncope
depuis
cinquante ans
ou
ronronnement
métaphysique
avec
métaphores
géologiques
comme de coutume !
pas le moindre
séisme
à
espérer
un cri
retenu
le retenir
chez ce grand
bonhomme
ne requiert
aucun
effort
pas le temps
de m' attarder
sur
l' aurtoélique
message
il y a maintenant
ce vernissage
d' un artiste
qui a
sa carte
rue Bonaparte
derrière
quelques coupes
se gondolent
des couleurs
chargées
d'
émotion
qui me
dévisagent
avec
compassion
je fuis
après
avoir
salué
poliment
rue du Four
les poches
pleines
de petits
fours
je n' ai plus
une tune
pour
m' offrir
un
burger
dans mon taudis
de
Montmartre
rue des Dames
malgré
l' exorde courroucée
du tenancier
qui
n' admet pas
si maigre
dépense
je m' offre
un café
serré
comme une fin
de mois
je rêve
aux jolies filles
qui
regardent
les vitrines
avenue de Clichy
convoitant
les talons
aiguilles
des chaussures
à
paillettes
réservées
pour les jours
de
fête
je songe
aux deux
pauvres
bougres
qui
fouillent
les poubelles
au pied
de
mon immeuble
je dois
parfois
les
protéger
du
gardien
qui
souffre
de
leur
désordre
je songe
aux
travestis
qui
me hèlent
à la cantonnade ;
ça va
mon gars
je songe
aux censeurs
des
corps
qui
rôdent
à
Montmartre
comme
rôdent
les censeurs
des
Lettres
dans les prés
de
Saint-Germain
sans y penser
j'
écris
ce poème
que
je ne dédie pas
aux happy few
mais
aux innombrables
fous
qui montent
à
Paris
croyant
y
trouver
cette reconnaissance
que
certains
méritent
bien ....
inutile
de me renvoyer
l'
ascenseur
je crains
les
dans ces boites
étroites
malgré
mon emphysème
je monterai
à
pieds
par mes propres
moyens
je n' ai jamais
cheminé
qu' avec
ceux que j' aime
loin
très loin
du 6e
dans les ruelles obscures
où
titube
encore
mine de rien
cette vraie Vie
que
j'
appelle
Poésie ...