LE PAILLASSON
Tu ne poseras
jamais
ton
pied
menu
sur
le
seuil
de
ta
porte
si
ne
l'y
accueille
pas
un
paillasson
un
vrai
paillasson
de
paille
tressé
avec
l'odeur
du
blé
l'odeur
du
lilas
et
pourquoi
le lilas
je ne sais pas
c'est
juste
ce
que
tu
lis
là
tombé par inadvertance
dans mon poème
comme
ce
tapis
magique
devant
ta
porte
mais
à
quoi
bon
un
paillasson
si haut
si
haut
si
près
du
ciel
le voyageur
aura
bien
eu
le
temps
de
secouer
la
poussière
de
ses
semelles
dans
le
long
pénible
tournoyant
escalier
et
même
dans
l'ascenseur
à
cause
de
l'effet
de
la
pesanteur
et
de
la
pesante
heure
aussi lourde que mes jeux de mots
le poète
se
fait
carpette
et
répète
ce
paillasson
sans
rime
ni
raison
ce
doit
être
purement
décoratif
une
chaumière
impressionniste
ou
la
calligraphie
d'un
welcome
ou
tout
bêtement
un
Mondrian
rien
de
plus
esthétique
pour
un
paillasson
qu'un
Mondrian
avec ce peintre-là
tu sais
toujours
où
mettre
les
pieds
et
le
trépieds
repère repaire
on se perd dans le vocabulaire
mais
on
s'y
retrouve
aussi
somme
toute
un paillasson
c'est
ni
plus
ni
moins
une
borne
le paillasson délimite
marque
un
territoire
quoi
qu'il
figure
il
annonce
qu'on
entre
chez
toi
libre
enfin
de
toute
attache
c'est
plausible
mais
trop
philo
soo
phique
pour
un
tout
petit
poète
Romantique
et
donc
lucide
je sais
moi
que
prévoyant
l'audace
de
tes
soupirants
tu
as
voulu
de
bonne
grâce
ménager
leurs
genoux
s'ils
passent
la nuit
dans
le
noir
de
ton
couloir
dérisoires
impuissants
devant
tes
verrous
du
moins
seront-ils
dans
un
certain
confort
puisque
l'on
dort
très
bien
sur
le
douillet
paillasson
d'une
belle
au
coeur
d'or
mais
à
leurs
avances
je
pense
rebelle !!!
Dominique Gabriel NOURRY