LE POEME ET SON DOUBLE
A la Mémoire de PIERRE CLEMENTI
De double en double
figure-toi
le mensonge d'être là
sans rime ni raison
sans même cela
figure-toi
sans la petite musique
du coeur
qui hésite au bord de la pluie
lorsqu' il fait automne dans la Vie
de double en double
figure-toi
j'ai convoqué les personnages
de mes récits
pour qu'ils me présentent
à mes Amis
lequel n'a pas écrit
un soir de griserie
ma biographie
de double en double
figure-toi
sur la Scène
sept gabriels
en quête de moi
l'un d'un mouvement de cape
défie les étoiles
et s'en va côté jardin
finir sa course d' Arlequin
l'autre côté cour
parle d' Amour
à de distraites Colombines
dont la silhouette se dessine
dans la lumière pleine
d'un crépuscule de Verlaine
de double en double
j'ai combattu mes ombres
avant de les étreindre
et de m'en aller danser
de l'autre côté
de ma naissance
de double en double
j'ai cru mourir
lorsque m'ont coupé les veines
les miroirs trop acérés
de mes souvenirs
de double en double
j'ai cru mourir
lorsque m'ont coupé les veines
les miroirs trop acérés
de mes souvenirs
de double en double
sur le Pont Neuf
je me suis rencontré
ni veuf ni désespéré
figure-toi
que je courais
d'un pied léger
pourchassant
la rhétorique malicieuse
d'un papillon
de double en double
sans rime et non sans raison
comme tout un chacun
prisonnier de cette prison
je chantais ma chanson
marchant près d'une hirondelle
de toutes les demoiselles
la plus belle
heureux et libre
sans y penser
je chantais de vivre
cette chanson
que mes doubles
aux fleurs
qu'une brise trouble
à leur tour
allaient fredonner
tandis que tombait
le jour
dans lles rues dépliées
de Paris
où je ne suis pas né.
Dominique Gabriel NOURRY