LES ANNEES LIGHT
"Soyez légers,très légers,dénués de lourdeur,ne vous prenez pas au sérieux,soyez légers,sinon vous serez blâmés,exclus,ridiculisés"
Voilà ce que murmure,de plus en plus péremptoire,la doxa.
Il faut être frivole pour avoir l'air dandy....comme tout le monde! Seuls les humoristes ont le droit de traiter des sujets importants. Et encore! On les tolère de moins en moins. Même eux!
Vous "surfez" sur le net ou sur la TV? Je n'y vois pas d'inconvénients. Mais voilà : maintenant on vous demande de surfer aussi à la surface de vous-mêmes,à la surface de vos vies.
Soyez fumées de cigarette, bulles de savon,fines poussières dans le soleil,et vous serez résolument modernes,totalement approuvés,totalement acceptés.
Certifiés "conformes"
C'est du moins ce qui se dit.
Prolongez l'expérience. Essayez de ne rien prendre au sérieux non plus dans le cadre de votre travail. Alors,brutalement, on vous rappelle à l'ordre. C'est grave. On ne joue pas avec les valeurs sûres. Il convient alors d'être d'être lourd, pesant,consciencieux.
La prochaine fois qu'avec angoisse,au terme d'un régime draconien,vous éprouverez votre balance (Ca aussi vous le faites avec sérieux: on ne plaisante pas avec sa viande!), demandez vous enfin quel est le but de la manoeuvre. Pourquoi faut-il être si léger?
Secret de polichinelle: "On" veut vous empêcher de penser. Penser,c'est lourd. Penser,c'est dangereux parce que ça conduit à critiquer. Et,justement, "on" ne veut pas que vous critiquiez. Vous risqueriez de devenir mauvais esprit,rebelle,dissident. La critique doit être à tout prix éradiquée. Vous souffrez de ce monde qu'on vous impose?
Pas grave. Dansez!
Moi je n'ai rien contre la danse. La danse du corps et la danse métaphore. J'adore la danse. Pourvu qu'elle ne soit pas déca-dance. Pourvu qu'elle soit "D'ici Dance". Je l'aime tant que je pourrais même en faire un blog. Pour rire,pour réfléchir,pour critiquer,pour admirer,pour partager,pour écouter.
Je sais, ça paraît obscène,aujourd'hui,dans ces années "light": je pense. J'essaie de penser malgré moi,malgré tout, malgré "eux". Je pense et je danse. En même temps. A mon rythme. Dans la mesure de mes moyens. Comme Rousseau rêvait en se promenant,je pense en dansant. Je refuse l'opposition léger-lourd qu' "on" veut m'imposer. Je pense et je danse. Et je vous invite à penser tout en dansant avec moi. Sérieusement. Gravement. Légèrement......
Dominique Gabriel NOURRY