LES NOUVEAUX MYSTERES DE PARIS
"Le rire est une arme aussi utile aux pauvres que fourches et bâtons."
Propos attribués à DIDEROT par Sophie CHAUVEAU dans son roman mettant en scène "Le génie débraillé". (Tome II, p. 290)
Ce fut évidemment une très mauvaise idée de lancer ce très néfaste débat sur l'"Identité Nationale". Lorsqu'on est journaliste, il convient de le qualifier de "calamiteux". J'éviterai donc soigneusement: "calamiteux". Je ne suis pas journaliste. Je suis un poète qui s'aventure parfois dans la jungle de la réflexion.
La Droite, Matrice du débat, sentait bien qu'un problème se posait au bon Peuple et que ce problème, certains extrémistes essayaient de le résoudre avec leurs perfides équations.
Disons le clairement: il y a de la violence et de la délinquance dans certains lieux surexposés de ce pays. Il suffit de se rendre sur place quelques mois pour le constater.
La grande pauvreté et le chômage ont toujours entraîné ce type de nuisances. Autrefois, bien avant les plus visibles vagues d'immigration, nous avions nos "blousons noirs" bien de chez nous mais épris d'un certain "modèle" américain. Johnny Halliday qui s'est bâti une brillante réputation en s'inspirant de leur image les chantait avec conviction (et talent !):
"Les mauvais garçons
S'ils donnent des coups
C'est qu'ils en ont reçu de partout
Et beaucoup"
Je n'ai pas de notes: tout cela, je le sais par coeur !
Plus loin, il avertissait solennellement:
"Mères, écoutez-moi bien
Ne laissez jamais vos garçons
Seuls la nuit traîner dans les rues:
Ils iront tout droit en prison !"
Ne dirait-on pas entendre le dernier disque de N.T.M. ? Les mêmes causes produisent les mêmes effets et engendrent les mêmes chants.
La crise est d'autant plus douloureuse en ce moment qu'il faut concilier des cultures différentes et qui, parfois, se sont perçues comme rivales pendant des siècles . Cela demande beaucoup de générosité, de la part de tous.
Nos élites, elles, n'y vont pas par quatre chemins. Elles n'essaient pas d'exercer leurs talents pédagogiques sur leurs compatriotes. Elles se laissent mener "par le bout du nez". Elles sont totalement engluées dans le champ lexical de l'"odorat". Je l'ai fait remarquer, dans un courrier normalement timbré à Marianne. Pas de réponse mais une diatribe sur ce sujet deux numéros plus tard. Il se peut très bien que personne ne m'ait lu mais que cette situation, décidément trop grotesque, ait fait dresser....l'oreille de ces journalistes agréablement impertinents quand ça leur chante.
Je sais très bien que la première personnalité qui s'est montrés "fragile de la narine" hérite de ces Gaullistes qui, autrefois, supportaient mal les monômes organisés par un Juif Allemand.
N'empêche ! Pourquoi faut-il que tous nos clercs emboitent le pas, se mettent une pince à linge et renvoient à l'expéditeur son inadvertance. Le thème du "nauséabond", même au deuxième -ou dizième- degré me lasse et même, oui!, m'écoeure ! Dommage que je n'aie jamais lu "L'odeur de la France" de Jean-Paul DOLLE à l'époque des "Nouveaux Philosophes". Ca m'aurait certainement édifié !
Les "Libéraux", dont certains ont dû parcourir Debord et les Libertaires, se montrent beaucoup plus "réactifs" que par le Passé. N'envoient-ils pas leurs adversaires se faire "voir" à Saint-Germain des Prés? Je trouve ça de bonne guerre. La critique ne manque pas de pertinence. Mais si l'on détruit Saint-Germain des Prés où Boris VIAN chanta tout de même, avec beaucoup de courage, "Le Déserteur", que vont-ils nous construire à la place ? On les connaît par coeur: une autre Bourse, flanquée de trois commissariats, avec fiches anthropométriques assorties. Moi, je pense qu'on peut leur emprunter certains appels -déclamatoires- à la Liberté mais rien de plus !
Et la Liberté ne pourra jamais, en aucun cas, sous quelque prétexte que ce soit, être celle d'exploiter son Prochain.
Est-ce clair, dit comme cela ?
La Liberté n'est pas non plus celle qui consiste à "stigmatiser", comme disent nos Clercs, tout ce qui paraît, de près ou de loin, quelque peu "étrange" , "étranger". Le débat sur l'Identité Nationale nous fait piétiner dans un terrain boueux. Dans la "Terre des Morts", chère à BARRES, on a vite fait de s'enliser ! Il faut de bonnes bottes. Moi, je préfère fouler , pieds nus, la Plage Sacrée des Poètes. Réunis sous le grand feu des étoiles, toutes "nationalités" confondues, ils chantent ensemble. Ou devraient le faire ! Il en est trop encore qui sollicitent des Muses des Hymnes .guerriers
Si, pourtant, sans m'engluer dans les pièges d'une "Identité", d'ailleurs mondialisée, je devais chercher un trait caractéristique des Français en général et des Parisiens en particulier, j'irai, de VOLTAIRE à CAVANNA, chercher l'"ESPRIT".
A la naissance du Surréalisme, il se fit "umour" (sans h), prit l'accent anglais et le parti, systématiquement, de l'ennemi.
Sur nos scènes et sur nos écrans, sous le nom reconquis, bien Franglais, d'"humour", il ameute les foules qui se feraient volontairement massacrer pour lui. Telles sont les "ANNEES LIGHT", pour le meilleur ou pour le pire. Cet humour-là n'est plus le poison subtil que les Philosophes destinaient à leurs ennemis Jésuites. Souvent il devient lourd et il s'étale comme une épaisse couche de Nutella sur une tartine.
Evidemment, si l'on veut étouffer nos Amuseurs, il faut les défendre. Griffes et ongles ! Mais si l'humour est souvent "payant", il faut savoir qu'il trouve vite ses limites. Il permet de caricaturer, donc de combattre le Mal. Mais il ne permet pas de construire quoi que ce soit ! ATTENTION! l'abus d'humour conduit directement au Nihilisme et le Nihilisme conduit n'importe où, notamment dans de très mauvais lieux !
C'est pourquoi il faut se souvenir que "danser" devant les vilains matous du Pouvoir n'empêche pas de "penser" ! Et c'est donc dans la réflexion, la Joie et la Bonne Humeur que je poursuivrai cette modeste chronique qui m'a déjà valu quelques précieuses sympathies.
Dominique Gabriel NOURRY