D'ici Dance

Monsieur Sapiro/ BENNY BARBASH ; Zulma, 2012

 

 

 

 

 

Reprendre sa vie à zéro, c'est le désir de Miki, la cinquantaine un peu déprimée.

 Il rêvait d'être peintre ; il est devenu un publicitaire depuis trop longtemps marié avec une femme  qu'il a cessé d'aimer et qu'il n'a pas la force de quitter.

Assis dans un luxueux hall d'hôtel, il voit et entend une charmante employée demander inlassablement au téléphone un certain 'Monsieur Sapiro'.

 Va-t-il décider finalement de prendre l'appel et se faire passer pour un autre ?

Des images de « Profession Reporter » passent dans l’esprit de notre anti héros israélien. Et Miki semble aussi perdu dans le monde que David Locke (Jack Nicholson) dans ce magnifique film d’Antonioni sorti en 1975. David Locke, un reporter britannique à la dérive en Afrique qui désirant mettre un peu de piment dans sa vie a décidé de prendre l’identité de son voisin de chambre, d’inverser les identités avec cet homme qui lui ressemble étrangement et qu’il vient de découvrir dans un hôtel, étendu sur son lit et mort…

Ceux qui ont vu « Profession reporter » savent que c’est un film sur la solitude, la difficulté de se projeter dans le monde…S eule la femme (l’émouvante Maria Schneider décédée récemment) dans un contexte lourd, bouché peut ramener la vie…

Sans doute, il en est de même pour Miki dans ce beau roman  qui fait la part belle à thanatos mais aussi à éros !

Bien sûr que Miki, cet homme qui se sent chez lui nulle part, va tenter de renaître dans la peau d’un autre lui-même et quant à faire, l’idéal pour lui, n’est-ce pas de se faire passer pour un faussaire de tableaux, se rendant ainsi à la fois coupable d’escroquerie et d’usurpation d’identité !...

Bien sûr, ce joyeux big-bang providentiel et existentiel (écrit par l’auteur de l’hilarant « Little big bang ») peut naître du verbe, de deux mots « Monsieur Sapiro » qu’une délicieuse hôtesse demande au téléphone…

A partir de ce nom un peu incongru (un  talmudiste émérite ou un cabaliste chercheraient la racine du mot « Sapiro » et la numérotation qui s’y attache ! Ceci étant, j’ai lu un excellent livre d’une historienne dénommée Gisèle Sapiro : « La guerre des écrivains » qui interroge la responsabilité des écrivains  en France entre 1940 et 1953…), un monde peut naître, la chair  s’épanouir dans un jeu de miroirs et de reflets interposés où présent, passé et futur s’entremêlent dans un joyeux tintamarre qui nous entraîne au fil des pages…

Quand on sait dans quel débat d’identité est plongé depuis sa naissance l’Etat d’Israël qui lutte toujours pour  sa reconnaissance –voir sa survie !!!- , on peut penser, que Benny Barbash, membre actif du mouvement « La paix maintenant » (Shalom akhshav) était à même de s’interroger une fois de plus sur la question de l’identité, de l’authenticité, de la paternité, du droit à la propriété, du droit à la terre !

Et on a tellement envie de le rassurer pour l’avenir !

 

 Sur le thème de l’art, la création, l'identité, la paternité mais aussi  la « propriété » (d'un tableau, d’une femme, d'un enfant mais aussi  d'un pays !), lisez ce  roman imaginatif et  plein d'insolence !

Et si voulez découvrir les prémices de l’art de Benny Barbash :

Un gros livre (en poche) et un petit livre, passionnants tous les 2 :

« My First sony »  de Benny Barbash , points 2011

« Little Bing Bang » de Benny Barbash, Zulma 2011

 

 

Eva Hadas-Lebel



23/01/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 27 autres membres