PASSAGE ROCHEBRUNE
Oui
Loriane
c' était là
que
tu habitais
voilà trente ans
lorsque
l'
on s' aimait
c' était là
je n' y suis revenu
que
ce soir
pour écouter
mon Ami
Parhal
au bisto
les Cent Kilos
près
du métro
Saint-Ambroise
je descendais
quelques
verres
parce que
te
retrouver
c' était toujours
une
insoutenable
émotion
je savais
que
je
devais être
à
la
hauteur
de ton rêve
et
que
c'
était
impossible !!!
je n' avais pas pris
ma carte
au
parti
des
Poètes Maudits !!!
je
survivais
très
difficilement
sur
ma peau
fragile
mes nerfs à
vif
s' essayaient
de jeunes dents
naïves
mais
acérées !!!
Loriane
je n' étais pas
Modigliani
d' ailleurs
je
ne
pensais
pas
devoir être
quelqu' un
j' avançais
tout juste
à
mon
rythme
dans ma
musique
lorsque
c'
était
possible !!!!
et
tout de même
c' était
un peu trop Catholique
à
mon goût
cette idée
qu' il fallait
absolument
souffrir
pour
créer !!!
de la souffrance
j' avais
ma dose
pas besoin de la forcer !!!
quelles
que
soient
les raisons
somme
toute
banales
tu
m' as
viré
de
ta
Vie !!!
pour moi
l'
inadmissible
absolu
depuis
mon
exil
je t' ai
écrit
de longues longues longues
lettres
inutilement !!!
tu t' es contentés
de
me signaler
que
les prochaines
missives
sans être lues
seraient
dé
chi
rées !!!
......ce qui explique mon long silence ....
mais maintenant
trente ans
après
c' est sur un écran
que
je
t'
écris !!!
évidemment
tu
ne
me
liras
pas
et
tu n' es plus
celle
que
j' ai connue !!!
mais
enfin
je
veux
juste
te raconter
ça
dans
les semaines
qui
ont
suivi
notre rupture
je suis venu
de
nuit
coller
mon
oreille
à
ta
porte
je suis resté
de
longues
minutes
là
pour t 'écouter
respirer
tousser
- non sans inquiétude -
pour
t'
écouter
dormir
sans moi
passage Rochebrune
Dominique Gabriel NOURRY