PLUS DE POESIE
Pour l' Etrangère devenue d' un lointain Passé
plus de poésie
simplement la nuit
dans son immensité viagère
que ne troublent plus
d' abruptes naissances
et d' incommensurables délais
à l' ailleurs dédiés
simplement la nuit
pour que j' en déchire
à belles dents la chair ardente
et l' infinie absurdité
simplement la nuit
pour qu' enfin je m' attribue
ce nom d' homme
dont me dépossédèrent
certaines comètes
un peu trop
coquettes
plus de poésie
plus de poésie
mais ne seront plus que tintamarre
les goélands criards
sur les balcons de ma maison
lorsque tu seras partie
la traîne des orages
fera vibrer la crypte même
des églises
et privé de ton corps
je ne saurai plus où
me réfugier
faut-il donc pour si peu trembler
l' éternité me sera une niche
je me coucherai simplement
le museau dans l' odeur
de mon sexe
et j' aboierai
furieusement
vers les imprévisibles passagères
qui pourraient troubler
ma quiétude
mais le lac se mire dans le regard
et le philosophe refait trois fois sa valise
si loin partir
et pouvoir oublier
un peigne
une lettre
un baiser
le philosophe tourne autour de la ville
au lieu de fuir
vers la lointaine caverne
qu' il s' était promise
tourne
et se rappelle
et nomme
et se saoule une fois encore
de l' incessant verbiage
qui le condamna
à l' exil
des portes claquent
des baies se brisent
et la cervelle épave
en un ultime vouloir tendue
éclate
et se rend
à la commune mesure
dont se disqualifient les hommes
était-il si facile
de franchir les reflets
qui jonchent le parcours
de la parole
de te quitter facile poésie
dont le lit encore chaud
ne prodigua qu' artifices
et ironiques dissonances
envers la parfaite clarté
trop tard
le jour a reconquis son incantation
et l' armée bleue des astres
s' enfonce dans le sable mouvant du temps
trop tard
une fois encore
ce qui se voulut libération
se résout citation
tandis qu' une nuée d' écoliers
s' envole
sous le préau
du vent