POETES, ENCORE UN EFFORT !
Poètes, encore un effort pour séduire les Muses!
L'un d'entre vous, que j'imagine imposant et important, est venu se pavaner sur ma page, lissant ses plumes (et sa plume !) comme un jeune paon (pas un jeune Pan, hélas !).
Ignorant tout, apparemment, de l'état "panique" nécessaire à la Création, il m'a tenu ce discours convenu et convenable que certains Artistes aussi notables que connotés, aussi médiocres que méritocrates, me tiennent depuis les années minables de REACTION qui ont suivi l'insurrection de 68.
Dérisoires échos de leurs Maîtres Technocrates (à l' Ouest) ou bureaucrates (à l'Est) , ils n'ont à la bouche que le mot sacro-saint de TRAVAIL !
Se sont-ils fixé des objectifs ? Ont-ils tracé des courbes ? Quelles évaluations se proposent-ils ?
Ce n'est pas ainsi que l'on devient "Voleur de Feu" !
Leurs échelles sont beaucoup trop courtes pour nous emmener au ciel ! Ils devraient aller demander de l'aide au vieux Jacob !
Et aux prophètes !
Et à la Pythie !
Et aux Chamans en transe !
N'ont-ils jamais entendu dire, au crépuscule d'un Romantisme ainsi rendu à son Infini, que "le Poète doit se faire Voyant par un long, raisonné, DEREGLEMENT DE TOUS LES SENS "
Alors, dans QUEL SENS doit-on travailler ?
Mieux vaut-être, me semble-t-il, paranoïa-critique, se vouloir insensé pour mieux ACCUEILLIR le seul Sens qui vaille !
Comme l'ont très bien vu la plupart des Avant-gardes, avant l'étranglement formaliste récent, être Poète, c'est une façon d'être au Monde !
Allez vous informer près de TZARA, BRETON, DAUMAL et DEBORD, qui ont bien théorisé tout cela !
Et l'ont superbement mis en pratique !
Le petit bourgeois ne croit plus du tout à la Patrie, plus beaucoup à la Famille, mais LE TRAVAIL, valeur sûre, l'accapare toujours autant !
Et il est fier de lui !
Artisan consciencieux du Verbe, comme un prêtre qui accomplit des rites auxquels il ne croit plus, fonctionnaire de l'Etre, entre les heures de bureau et le journal de 20 heures, il CONFECTIONNE des vers.
Ses complices de l' "Elite" apprécient : c'est du "prêt à relier" (mais pas à relire !)
Qu'on ne me raconte plus qu'il faut émonder à n'en plus finir pour faire une BELLE oeuvre !
Leur BEAUTE, c'est une Vénus de Bordel, dotée d'un certain savoir-faire : rien de plus !
Dois-je le répéter : si l'hyperbole fut la maladie du Romantisme, la litote est le rictus des contemporains !
Mais qu'on appelle Monsieur Purgon ! Qu'on leur prescrive des laxatifs ! Du Viagra ! N'importe quoi !
Ces gens-là ne m'émeuvent pas, ne m'émerveillent pas.
Ils m'ennuient.
Ils ennuient tout le monde !
Il est tout de même incroyable que l'idéologie gagne-petit du TRAVAIL sévisse encore (et plus que jamais !) après -bien après- la découverte Freudienne (et Jungienne !) et le Surréalisme qui n'ont d'ailleurs fait que REMETTRE A JOUR de très anciens Savoirs.
L'écriture automatique, véritable trou noir dans le sage cheminement rhétorique, n'a-telle pas permis certaines mises au point ?
LACAN n'a-t-il pas été, depuis L'AUTRE RIVE, un grand Maître es-Poésie ?
Notre Histoire récente nous a mis en contact avec la grande Civilisation Bouddhiste. En avons-nous tiré autre chose que de minables simagrées d'Haïkus ?
Si certains ont effectivement profité des apports de la fin du XXe siècle, ils restent invisibles !
Alors, me direz-vous, on jette définitivement par dessus bord le TRAVAIL ?
Le TRAVAIL sur le Poème : oui !
Des abolis bibelots d'inanité sonore, il y en a plein le supermarché de la Poésie. Et ça occupe inutilement l'espace.
Mais LE TRAVAIL de Lecture, non ! Jamais on ne lira assez. Surtout les Anciens et les Classiques. Nous pouvons en prendre la graine. Laissons le long texte des Siècles NOUS TRAVAILLER !
Mais LE TRAVAIL sur soi, certainement pas ! C'est même l'Essentiel ! C'est irremplaçable ! Mais c'est beaucoup plus douloureux que d'assembler benoîtement des vers et de précieuses images.
Le Poème vient de loin. Depuis toutes nos Aubes, depuis toutes nos Naissances ! Si NOUS ne le TRAVAILLONS pas dans la lumière de la conscience qui dissipe les rêves, il SE TRAVAILLE longuement en nous, jour et nuit, signifiant et signifié, traverse le défilé de multiples esquisses et nous transporte, corps et âme, et nous transforme et nous transgresse !
C'est précisément ce qu'autrefois on appelait du nom d' INSPIRATION !
Cela part du "Coeur", certes, mais dans le Vertige, et parfois à contre-coeur !
Ridicule ?
Ridicules, vous-mêmes !
Je préfère la tête d'HUGO à vos têtes d'EGOS !
Allez vous faire programmer ailleurs !
Et faire des colloques sur le thème : "A quoi bon des Poètes en temps de manque ?"
Le manque se trouve précisément dans l'Ame des Poètes eux-mêmes ! Ils feraient bien de s'éveiller ou d'écrire endormis comme le fit DESNOS !
Tous, évidemment, n'ont pas perdus les anciens Secrets.
L'une de mes amies, bienveillante lorqu'un Nanti du Bon Milieu, m'a traité de "Narcisse", a l'audace de s'appeler sur Facebook Marie H inspirée.
Qu'elle soit remerciée pour cette audace et pour ses Poèmes.
Quant au "MACHIN A ECRIRE" qui a voulu me faire la leçon, de fleurs et de femmes il ne connaît sans doute que les fleurs et les femmes de Rhétorique !
Il est bien possible que VILLON soit ce soir sur une scène SLAM, loin du regard écoeuré des grands Rhétoriqueurs !
De loin, je le salue, comme je salue tous mes amis qui n'ont pas perdu de vue l'horizon de la vraie Poésie.
Et tout particulièrement ELIE DELAMARRE DE BOUTEVILLE, mon compagnon de tous les paysages et de quelques naufrages, LE PLUS VIVANT (dans la Vraie Vie) des Poètes vivants !
Dominique Gabriel NOURRY