POUR VANESSA, L'ENFANT DE LA BALLE
J'ai repunaisé l'affiche du film de PATRICE LECONTE: "La fille sur le pont" dans ma chambre. Juste au-dessus de la photo de ma mère. DANIEL AUTEUIL nous tourne le dos. VANESSA PARADIS le regarde d'un air interrogateur. Devra-t-elle vivre ? Pour qui ? Au nom de quoi ? Qui ne s'est posé ce genre de question juste avant d'accomplir le grand saut ?
Mais voilà : l'"enfant de la balle" survient. Il coupe tout simplement les ponts. Plutôt que de mourir, tout de suite, on va continuer à vivre POUR RISQUER SA VIE. Très certainement, ça fera du spectacle pour ceux qui voudront bien S'IDENTIFIER. Cette prise de risque, en désespoir de cause, c'est très précisément ce que j'appelle ART ou POESIE. Cela n'a rien a voir, on le concevra, avec une quelconque activité de divertissement. Cela n'est pas une addiction de plus, une "cerise sur le gâteau". C'est essentiel. C'est une question de survie pour l'"acteur" comme pour le "spectateur". C'est un jeu, si vous voulez, mais alors LE GRAND JEU qui "ne se joue qu'une fois".
Cela mérite, évidemment, que l'on sacrifie tout puisque cela se coule dans le rythme même du Sens et de la Vie.
C'est cela ou RIEN.
Dominique Gabriel NOURRY