PROLOGUE A LA LECTURE DU 19 MARS 2011 AU CYRANO
Qu'il aima
- tout le reste du Temps et de la page
ne fut
que parenthèse -
qu'il aima
lui donna
la Vie
l'écrit
flou des régistres fou des Aventures
à l'Aube exécuté
nu
dans l'espace du langage il se tient
pour ne pas laisser passer
pour ne pas laisser passer
la Nuit
tout au bout du Poème c'est le même regard étonné
la même candeur
existe-t-il une assez subtile transparence
du papier
pour que ça se trame - visible invisible - combien je t'aime
jamais les mots ne suffisent
jamais
mais les Poèmes sont des regards
ils contemplent
plus qu'ils ne se donnent
à contempler
chaque ligne inachevée
c'est la dernière Parole
et le sourire ultime
et cette désespérée pression des doigts
je n'ai pas l'air d'y être
mais sais-tu pourtant combien je suis
avec toi
combien je suis en toi
lorsque je te lis
mon Poème
et la voix tremble
comme se perd le pas
au bord du gouffre d'aimer
qu'il attende et soupire et ne cesse de soupçonner l'horloge
voilà tout ce qu'elle ignore
elle
la feuille glissée de mains en mains
regagne l'arbre du Désir
dira-t-elle au vent
qu'il n'avait pas le droit
de la faire frémir
dira-t-elle
au soleil
qu'il n'avait pas le droit de la réchauffer
le Poème n'a que faire
de son créateur
il vole de ses propres ailes
se dirige lui-même
il est toute une volée d'oiseaux
migrant vers des sources inconnues
du Poète
lui-même
il est la douce Insurrection
que lève en mes veines
ton regard
et ne se soucie guère
de mes pudeurs
de mes réticences
il me donne à naître
dans le cri
hors de toute apparence
il chemine près de toi
quand bien même
je veux l'ignorer
plus qu'il ne m'accompagne
il semble me trahir
mais la voie de traverse
peut-être
est le droit chemin
que j'ignorais
je me rends à lui
je me rends à toi
je pleure et je ris
devant l'immense grève découverte
d'où surgit
ton corps
ma nuit ma ruine mon merveilleux désastre
qu'il t'aime
ce Poème
que nul n'entend
dans le secret tumulte
de l'arc-en-ciel
qui saurait m'en faire grief
dans l'incendie de l'été
que je suis ?
Dominique Gabriel NOURRY
" Une hirondelle ne fait pas le Printemps des Poètes" : Lecture au Cyrano , foyer-bistro des Comédiens et des Musiciens, 3, rue Biot, jouxtant le Théâtre "L'Européen", samedi 19 mars 2011 à 16h