VERSATILE
Pourquoi tenter d'affronter d'emblée
la nuit qui vient de si loin
la nuitqui vient du plus profond
la nuit qui finira par nous ronger les os
dis-moi
pourquoi l'affronter
lorsque nous sommes
peau contre peau
dans le demi-sommeil
de l'hiver
encore
que nos sexes soleils
s'éveillent et fomentent
de grandes insurrections de lumière
des difficultés qui
se sont tramées comme de coutume
du côté des naines blanches ou des trous noirs
s'imposent à nos corps s'opposent à nos esprits
qui ose troubler
les Amants de Noël
qui nagent dans leurs songes
immatures
et pourquoi faudrait-il que je me lève
nu
plus nu
qu'au matin ma naissance
pour écrire cet absurde poème
qui refuse de s'effacer de s'effacer de s'effacer
pour laisser passer
le Temps
en adoptant un profil bas
il s'inscrit
sur mon écran
comme la radiographie
d'un flocon
tombé de l'enfance
et moi je suis assis
à présent
devant son profil
qui ne me dit rien
quel ami
de quel amie
me l'a confié
pour que je l'emmène
faire un tour de manège
dans la lueur grise
de mes cauchemars expurgés
disparaitraient d'elles-mêmes
des nymphes inavouées
qui n'ont rien à faire
sur cette page
cette putain de page
qui me met en cache
et ronchonne
que ça ne suffit pas
que pour elle
rien n'est trop beau
qu'il lui faut des métaphores acrobatiques
et pourquoi pas
dans ce cas
voyager aussi
tant qu'on y est
voyager en alexandrin
comme une marquise ?
un combat à livrer
somme toute
contre Denis Roche
qui est inadmissible*
et d'ailleurs
n'existe
presque plus
c'est d'ailleurs notre sort commun
c'est justement pour ça
qu'on écrit des poèmes
avant d'être tout à fait
blêmes
si l'on finit
par sortir du lit
je crois qu'on ira
du côté de Montmartre
traîner notre bohème
surannée
mais nécessaire
comme à la Saint Sylvestre
la nouvelle année
remets donc encore
mon amour
ce vieux clip
d'Aznavour
dont on
ne se
lasse
pas
et probablement à gagner
ces cimes
du Mont Analogue
siège d'un bar louche
ou Daumal et Breton
se retrouvent enfin
pour boire à la coupe
d'une sirène
àpeine aperçue
déjà disparue
très certainement c'est elle
que Nerval cherchait
dans ses ténèbres
c'est la folie
et le philosophe
qui sacrifia les idoles
s'agenouille devant un cheval
comme un vulgaire prélat
Caligula
moi je ne broute pas de ce pré là
me hurle mon voisin
qui tape le rap
comme d'autre le carton
sous l'oeil des matons
fatigués
ne vous déplacez
que dans l'axe diagonal
sinon vous serez fait
comme un crabe
et je vous plongerai
dans l'eau
de mon seau
pour un prochain poème
tout aussi romantique
érotique et pathétique
les mains en l'air d'abord
qui sait encore
pourquoi écrire
lorsqu'il n'est plus que le rire
pour susciter l'émoi
des masses
prises dans la nasse
du vanity case
médiatique
si vous êtes sûr de la victoire
vous pouvez vous permetttre
de relire une seconde fois
le Parisien Libéré
aujourd'hui à Cabourg
qui oserait marquer
la saison
sur son nouveau carnet d'adresse
sans inclure
plus ou moins improbable
le mail des seins
de la serveuse
qui m'a servi n'importe quoi
au KFC récemment
sous prétexte qu'elle me prenait
pour le sosie de son amant
un réfrigérateur
made in China
forme : bonne
formatage excellent
inutile d'aller
jusqu'à la salle de gym
pour faire des assouplissements
cérébraux
Dominique Gabriel NOURRY